Jacques de Romas, l'inventeur du cerf-volant électrique (1713-1776)

portrait

Antoine Colbet, Portrait de Jacques de Romas, XIXème siècle – Hôtel de ville d’Agen, salle des Illustres – © Ville d’Agen

Passionné de physique et d’électricité, Jacques de Romas s’inscrit dans la lignée des innovateurs du XVIIIème siècle, celui des Lumières, où des hommes poussés par leur passion et curiosité font des expériences afin de découvrir les lois qui régissent le monde.


Né à Nérac en 1713, Jacques de Romas fait tout d’abord carrière dans la magistrature en tant qu’assesseur au présidial de Nérac. Physicien autodidacte, il devient surtout célèbre pour ses études et expériences sur l’électricité atmosphérique qui lui permettent de découvrir les lois de l’électricité à la même période que Benjamin Franklin. 

Les premières expériences

À une époque où l’intérêt pour l’électricité se développait à grande vitesse, le roi Louis XV s’intéressant lui-même aux différentes expériences, Jacques de Romas va faire preuve d’observation et d’inventivité.
Il étudia les effets de la foudre au Château de Tampouy en 1750 et plus tard sur les Tours du Moulin fortifié de Barbaste ce qui lui suggère le projet de détourner la foudre à l’aide d’une barre métallique. De multiples expériences réussies sont menées au Château de Vivens à Clairac et à Nérac en 1752.

 


  

À Nérac, marchez sur les traces de Jacques de Romas !

  
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3. Le cours Romas :
Statue de Jacques de Romas
Plaque commémorative
 
 

L’invention du cerf-volant électrique

Persuadé que la charge électrique augmente avec l’altitude, Jacques de Romas imagine un nouvel instrument capable d’attirer la foudre : un cerf-volant armé d’une pointe métallique.

La première expérience publique est menée le 7 juin 1753, près de Nérac, sur la route de Mézin. Voici le récit qu’en fait Maisani dans la Revue de l’Agenais :

 « Accompagné d’une foule nombreuse, Romas attendit que le vent fût assez intense pour lancer son cerf-volant. L’orage approchait, Romas saisit alors un excitateur, formé d’un tube de fer blanc isolé par une tige de verre et relié à la terre par une chaînette de métal. Approché du cylindre, l’excitateur en tire des étincelles. Des traits de feu spontanés de trois mètres de long éclatent. Les  explosions se succèdent et leurs craquements se firent entendre jusqu’à Nérac. L’expérience est magnifique ».

bas-relief

Bas-relief en bronze situé sur le socle de la statue de Jacques de Romas. Il montre la première expérience du cerf-volant électrique faite en public par Jacques de Romas le 7 juin 1753 sur la route de Mézin. - © OTVA

Ce ne fut pas toujours le cas. En 1759, une expérience réalisée au jardin public de Bordeaux tourna à la catastrophe. La foudre frappât une maison où avait été déposé le cerf-volant. Le public qui avait assisté à l’expérience pensa à tort que le tonnerre avait été attiré par le cerf-volant et détruisirent l’instrument. Romas fut depuis considéré comme un sorcier par les Bordelais !

 

Rivalité avec Benjamin Franklin

Jacques de Romas reconnaissait l’antériorité de la première expérience de Franklin réalisée avec son cerf-volant électrique en juillet 1752, soit près d’un avant la sienne. Cependant, convaincu qu’il possédait les droits sur l’idée de l’invention tout en assurant ne pas s’être inspiré de Franklin, ce qui semble exact étant donné l’extrême difficulté d’établir une correspondance entre l’Europe et l’Amérique au XVIIIème siècle, Romas souhaitait établir ses droits sur ce type d’expériences qu’il poussa scientifiquement plus loin que son concurrent. 

En 1764, après une enquête auprès des témoins ayant assisté aux expériences de Romas, l’Académie des Sciences de Paris trancha : « nous croyons que M. de Romas n’a emprunté à personne l’idée d’appliquer le cerf-volant aux expériences électriques et qu’on doit le regarder comme le premier auteur de cette invention, jusqu’à ce que M. de Franklin ou quelque autre fasse connaître, par des preuves suffisantes, qu’il y avait pensé avant lui ».

statue jacques de romas

Daniel-Joseph Bacqué, statue en bronze de Jacques de Romas, XXème siècle, cours Romas à Nérac – © OTVA

 

Un néracais passé à la postérité

plaque

Cette plaque commémorative rappelle la présence de la maison de Jacques de Romas située à l’angle du cours Romas et de la rue Armand Fallières – 
© OTVA

Au pays d’Albret, Jacques de Romas renouvelle ses expériences et il semble que les habitants de Nérac étaient terrifiés par les étincelles foudroyantes que produisaient celles-ci.

Grâce à ses découvertes et écrits scientifiques, Romas devient une célébrité qui attire à Nérac des curieux distingués : le chevalier d’Acosta, ancien ambassadeur du Portugal aux Pays-Bas et Milady Worthley-Montaigu, une anglaise reconnue pour ses aventures se lie d’amitié avec l’épouse de Romas.

A Nérac, de nombreux endroits rappellent le savant : le lycée professionnel et l’artère principale du centre-ville portent son nom : au cours Romas, on peut observer une statue en bronze représentant le célèbre physicien et une plaque commémorative rappelle la localisation de sa maison.