Henri d'Albret, bienfaiteur du domaine royal de Nérac (1503-1555)

Henri-Albret

Anonyme, Portrait d’Henri d'Albret, école française, milieu du XVIème siècle, huile sur bois – © Musée Condé à Chantilly 

Souverain du petit royaume de Basse-Navarre, Henri d'Albret par son mariage avec Marguerite d'Angoulême et la fondation du domaine royal fait entrer Nérac dans la période la plus brillante de son histoire.


Fils de Jean d'Albret et Catherine de Foix, Henri d'Albret devient roi de Navarre en 1517. En 1525, suite à la célèbre bataille de Pavie il est fait prisonnier par les troupes de Charles Quint en compagnie du roi de France, François Ier, mais réussit à s'évader. Le prestige de cette évasion lui permet d'épouser en 1527 Marguerite d'Angoulême, soeur de François Ier, l'une des personnalités les plus influentes de la cour de France.

 

Pour Henri d’Albret devenir un parent du roi de France c’est l’occasion de réaliser son voeu le plus cher : récupérer la Navarre espagnole perdue depuis 1512 lorsque Ferdinand d'Aragon l’avait annexé. Peine perdue, ce mariage ne lui apportera jamais l'aide française nécessaire à sa reconquête.

À Nérac dans le domaine de son château seigneurial, Henri d'Albret acquiert les terrains situés sur la rive gauche de la Baïse en 1529 pour y faire aménager un jardin d'agrément muré dans lequel son épouse Marguerite d’Angoulême aimait s’y promener.

 

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Johannes Brenz, Henri d’Albret tenant à la main une marguerite, vers 1527 – © Bibliothèque de l’Arsenal à Paris

  

 À Nérac, marchez sur les traces d'Henri d'Albret !   

 Plan de ville2012Plan-NERAC 2  
1. Le Château-Musée Henri IV
17. Le Parc de la Garenne
18. Le Pavillon des Bains du Roy
 
 

Le parcours des Jardins du Roy

On accédait aux jardins depuis le château par un escalier couvert dans l’aile Est, puis par une terrasse aux pieds des remparts bordée de cyprès et enfin par un bosquet d’ormeaux.

On pouvait également trouver une tortuguère, un élevage de tortues destinées soit à la consommation ou à la médecine, les tortues étant à cette époque réputées pour leurs vertus culinaires et médicinales.

Enfin, on entrait dans ce jardin de plaisance à la française composé de deux allées propices à la promenade mais aussi à la pratique du jeu de mail, l’ancêtre du golf et du criquet. Au croisement des deux allées s'élevait la fontaine du Griffon, ornée de statues en marbre de vaches, l’emblème des armes de la maison du Béarn. Des vestiges subsistent près du Pont Neuf, sur la rive gauche. 

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Dessin représentant les différentes parties des Jardins du Roy, 1777, II Z940 (Archives départementales de Gironde) – © ADLFI

 

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 Pavillon des Bains du Roy, début du XVIème siècle – © OTVA

Toujours dans les Jardins du Roi une tour octogonale sur deux niveaux, le Pavillon des Bains du Roy, pourrait avoir été édifié au début XVIème siècle sous Henri d’Albret.

Selon la tradition locale, les dames de la cour venaient s’y déshabiller afin de se baigner dans la Baïse, un usage sujet à discussion. Il est plus probable que le Pavillon fut tout d’abord un bâtiment défensif en raison de l’épaisseur des murs et de son intégration à une muraille puis plus tard un espace de repos, où l’on servait des collations en raison du relatif éloignement du château avec le jardin.

À son emplacement se trouve aujourd’hui un jardin d’évocation Renaissance aménagé en 2009 qui représente environ 1/10ème des jardins du XVIème siècle. 

 

Marianne Alespée, la bien-aimée d'Henri d'Albret

Selon la tradition locale, Henri d’Albret aurait passé commande de deux monuments installés au XVIème siècle le long de l’allée d’ormeaux :

  • Le Palais des Mariannes, un petit pavillon rustique mis à la disposition de sa maîtresse Marianne Alespée, auquel il rendait visite. Cependant, il semble difficile de concevoir, même en tenant compte des moeurs du XVIème siècle, que le roi de Navarre ait pu loger sa maîtresse au milieu du jardin royal ;

  • Au bout de l’allée, Henri d'Albret fait construire la Fontaine des Poupettes, un lieu discret où il retrouvait sa maîtresse Marianne d’Alespée. Les deux conduits qui laissaient couler l’eau sortaient de deux seins moulés, selon la légende, sur la poitrine de sa favorite. Le nom gascon de fontaine « de las Poupetos » signifierait fontaine des petits seins... Ses vestiges ont été transférés à la Garenne dans les années 1980.

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 Vestiges de la fontaine des Poupettes dans le Parc de la Garenne à Nérac - © OTVA

Attribuée traditionnellement à Henri d’Albret, la commande de ces deux monuments est contredite par les comptes du jardin de Nérac qui mentionnent leur paiement à l’architecte Hervé Boulard en 1580. Or, Henri d’Albret était décédé en 1555. Leur réel commanditaire reste un mystère…

 

La première Garenne

Sur la rive droite de la Baïse, Henri d’Albret implante une garenne dès la fin des années 1510. Il s’agit d’un lieu qui sert de réserve dans lequel bois, poissons ou gibiers sont protégés et où seul le propriétaire, ici le seigneur d’Albret, peut y avoir le privilège de la chasse.
Des aménagements ultérieurs seront réalisés par ses successeurs : Antoine de Bourbon l’agrandit par expropriation faisant étendre la Garenne du Petit Nérac à la fontaine Saint-Jean puis Marguerite de Valois la prolonge avec l’allée des 3000 pas jusqu’au bourg de Nazareth.

 

La naissance d'un futur roi de France

On doit également à Henri d’Albret la naissance de son petit-fils Henri IV au Château de Pau. Le roi de Navarre qui a peur pour sa lignée après avoir perdu un fils et deux petits-fils exige à sa fille Jeanne d’Albret d’accoucher à Pau qui offre plus de commodités pour l’événement attendu.

Surtout, Henri d’Albret veut être le seul maître à bord et laisser un rôle de figurant à son gendre Antoine de Bourbon, ce que montre très bien le tableau ci-contre que l’on peut admirer au Château-Musée Henri IV de Nérac.

Malheureusement, il n’aura pas le temps de transmettre à son petit-fils les ficelles du pouvoir décédant deux années plus tard en 1555.

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Jean-Baptiste-Emile Bourrières, Naissance d’Henri IV, XIXème siècle. Au centre, Henri d’Albret porte son petit-fils, le futur Henri IV, qu’il montre à la cour présente pour l’accouchement – 
© Château-Musée Henri IV à Nérac