L'esprit du Pays d'Albret

L'Albret est une terre d'histoire. De son passé, découvrez les richesses de ce territoire à travers ses légendes, contes et mystères !

 Voici quelques sites et monuments incontournables :

IMG 20190930 093759LE CROMLECH DE RÉAUP

Dans la Lande sauvage couverte de pins et de bruyères, se cache le site d’un ancien Cromlech néolithique (-5000 – 3000 ans), un cercle de pierres nommé « Las Naou Peyros » - Les Neuf pierres ou encore les pierres du Diable ou les pierres maudites. La légende raconte que ces pierres ont toujours été magiques. Toujours est-il qu’il s’agit d’un lieu où se réunissaient les Druides pour invoquer les Dieux, l’Univers et pratiquer leurs rites et sacrifices. A cette époque, l’Europe était couverte de mégalithes. A l’image de Stonehenge, qui reste le lieu le plus parlant des cercles de pierres, ces derniers étaient occupés à diverses dates de l’année, aux solstices d’été, aux solstices d’hiver, lors de rassemblement des « élus », ou même, comme un lieu de sacrifices et de funérailles.

Le sabbat est l’assemblée nocturne des sorcières en compagnie des démons et cette croyance est fort ancienne en Gascogne. Un texte du XIIIe siècle qualifie les sorciers/sorcières en Armagnac « d’ensabatads » et de « pousouès ».

Au Moyen Age, les pouvoirs surnaturels des sorciers et des sorcières faisaient peur. Leurs prétendues relations avec le diable les faisaient condamner par l’opinion publique. Toutefois, c’est surtout dans la seconde moitié du XVIe siècle et début XVIIe siècle que les procédures de sorcellerie deviennent fréquentes. Les crimes de sorcellerie étaient du ressort des hauts-justiciers. Malheureusement, les accusations pouvaient être sur de simples soupçons, une allégation malveillante, une marque sur le corps ou sur le visage, pour être présumé coupable.

Non loin d’ici dans le Gers à Mouchan, au XVIIe siècle, ce sont douze sorciers/sorcières qui sont emprisonnés après avoir été accusés et interpellés.

Il y a plusieurs légendes concernant ce cercle de pierres de Réaup :

  • La première raconte qu’un serpent géant gardait l’enceinte de pierre et qu’un trésor était caché en son centre et en était son défenseur. La forêt environnante était une forêt emplie de sorcières dit-on et on chuchote encore qu’elles venaient tous les soirs de pleine lune danser nues à l’intérieur du cercle.
  • Au XVIIIème siècle, un jeune berger de Sos qui avait l’habitude de faire pacager ses brebis dans cette lande isolée et inhabitée, se cacha derrière un gros chêne proche du cercle. Il était certainement plus hardi et courageux que les autres mais incontestablement plus inconscient. Il attendit la nuit que le sabbat s’achève. Mais les fines sorcières sentirent sa présence et devinèrent que quelqu’un était caché dans l’ombre. Soudain, sans faire de bruit, elles se jetèrent sur lui et lui firent boire une « méchante potion ». Suite à cela, elles abusèrent de lui jusqu’à ce qu’il meure d’épuisement. Au matin, un autre petit berger qui était parti à sa recherche, le trouva mort. Son visage était plus ridé que s’il avait vieilli de 60 ans en une seule nuit. Depuis, même lors des solstices, plus personne ne s’approche du cromlech des pierres du Diable. Mais les sorcières y rodent encore. Toutefois, comme il s’agit d’une légende, vous pouvez toujours tenter votre chance !
  • Alfred Bartalès dans son ouvrage sur les origines Sotiates indique que « les Druides offraient en sacrifice, un taureau blanc et une génisse chaque sixième jour de la lune ». Et que le Gui était coupé par eux par une serpe d’or et récolté dans un linge blanc.

De ce cercle de pierre, il ne reste plus aujourd’hui qu’une seule pierre d’origine appelée la pierre « Chioulante », c’est à dire la pierre qui siffle car elle dispose d’un gros trou en son centre et lorsque le vent s’engouffre dedans, elle chante et siffle. Un prêtre avait fait détruire le cercle afin que les rites païens cessent une bonne fois pour toute. Une gravure du cercle d’origine se trouve encore dans le livre de l’abbé Barrère. Le cercle fut reconstitué plus tard et le lieu est restée dans la mémoire des locaux comme celui du cercle de pierres magique.

Non loin de là à Luquestrany, mais dans l’espace clôturé auquel nous ne pouvons plus accéder se trouve la « Peyre Soule », la pierre seule qui était un menhir réputé magique, que les femmes en mal d’enfant venaient toucher pour être exaucée de leur vœux d’être mère et que les femmes célibataires y venaient aussi pour être exaucées de trouver un époux. Luquestrany vient de « Luquestrang : Lucus Taranis – le bois sacré du Dieu redouté ». Nul doute que cela ne pouvait qu’effrayer les âmes sensibles à l’époque.

De l’autre côté de la route de Mézin Reaup, des sources limpides sortent de la roche et s’enfoncent dans la rivière. L’eau était dite magique.

Charles Bastard, un écrivain local du XIXe siècle précise que « pendant longtemps, les habitants des environs ne s’approchaient pas des lieux du cromlech et du Lac sans fond, par superstition et par peur du mauvais sort ».

Les légendes locales sont très fortes et elles furent longtemps empreintes de grandes crainte. Cette forêt hostile était réputée pour être le repère des sorcières, des loups, des loups-garous et autres bêtes effrayantes...

 

 

IMG 20190930 095126 LE LAC SANS FOND DE MEYLAN

Non loin de là se trouve le Lac dit sans fond. Comme son nom l’indique, ce lac n’aurait pas de fond.

La légende raconte que le lac occupe aujourd’hui l’emplacement d’une église engloutie. Le prêtre de l’époque, alors grand chasseur disait la messe à ses paroissiens lorsqu’il entendit des chiens aboyer à la poursuite d’un lièvre. Il ne put s’empêcher de dire que si l’un de ses chiens était de la chasse, alors le lièvre serait pris à coup sûr. Ce prêtre orgueilleux et sûr de lui fut puni et l’église et les fidèles disparurent sous les eaux. Si l’on tend bien l’oreille, les soirs de pleine lune, on entend des gémissements sortir du lac.

Un chevalier aux yeux rouges aurait également été vu sortir du lac les nuits de pleine lune.

Une autre légende rapporte que pour sonder le fond du lac, une corde qui avait entouré douze fois le château de Saint-Pau qui se trouve non loin et qui est immense, ne fut pas assez longe pour atteindre le fond du lac.

En réalité, ce lac a bien un fond environ à 6 mètres de distance du bord. C’est un grand trou aux parois abruptes en forme de puits qui était probablement une mine de fer datant de la Préhistoire et de l’Antiquité. Il faut comprendre que pour les gens de l’époque qui ne savaient pas nager, ce grand trou d’eau était très impressionnant et les légendes tenaces.

 

 

DPP Pierre Longo AlbretTourisme06LA CHAPELLE DE SAINT-PAU

Elle se situe  sur la commune de Meylan. A l’époque dans la Vicomté de Bologne qui appartenait aux Albret à la Renaissance.

Cette chapelle date du XIIe siècle et elle est dédiée à Saint-Paul et à Saint-Roch. Elle était fortifiée à l’origine comme toutes les églises de la Haute-Landes. La légende nous raconte que Saint-Pau était un village Templiers dont il ne reste plus rien.

Elle présente un clocher-mur et un chevet plat. Comme il s’agissait d’une église fortifiée, il y a très peu d’ouvertures en façade. L’entée se faisait sous un auvent et le portail en arc d’ogive est surmonté d’un écu de trois fleurs de lys, dont on aperçoit les vestiges.

Une salle haute existait au-dessus de l’église. Le chœur présente des vestiges de fresques datant de 1823 avec des motifs floraux, végétaux et des personnes (St Paul et St Roch ?) ainsi qu’une colombe.

A noter, vous passerez devant le château de Saint-Pau. Le château existait dès l’époque médiévale et fut modifié au cours des siècles mais dans cette vaste lande désolée, il était connu pour le repère des fées qui y avaient leurs habitations. Sous l’avant-cour se trouvent des petites grottes, exposées plein Sud, appelées « les chambres des fées ».

La légende raconte que ces chambres sont appelés par la tradition populaire la « demeure des Hades ou des Hadettes », c’est-à-dire des Fées ou des petites Fées. C’était donc « Las Carambes de las hadettes – les chambres des fées ».

La légende raconte également qu’une domestique qui travaillait au château témoignait de la présence constante des « hadettes ». Selon elle, les fées faisaient sécher leur linge à la lumière de la pleine lune. Les fées étaient craintes et respectées. Elles étaient les cousines de la grande fée Mélusine.

 

DPP Pierre Longo AlbretTourisme05L’EGLISE DE MEYLAN

L’église Saint Jean-Baptiste de Meylan est une église médiévale fortifiée de la Haute-Lande avec son clocher fortifié flanqué de deux tours, d’une salle haute pour la défense et pour l’accueil de la population en cas d’attaque ou d’invasion. Elle date du XIIe et XIIIe siècle.

On accède à l’intérieur de l’église sous un auvent, par un portail en arc brisé.

Les murs du cimetière sont percés de canonnières.

 

 

 

LE LAC DE LA LAGÜE

Lagüe FranckFouillet"C'était dans les temps anciens où les vertes collines gasconnes voisinaient avec l'immense étendue des landes désertiques. A l'orée des sables et des marécages, au pied des coteaux de Xaintrailles vivaient à Tirelauze, de riches propriétaires, Ronald et sa femme Babet, au milieu de vignes généreuses et de beaux champs de blé.

Un soir de septembre, valets et servantes accroupis au pied des sarments, achevaient la vendange. Un homme apparut au bout du chemin, vêtu d'un lourd manteau, appuyé sur un bâton noueux et, s'approchant de Ronald, lui demanda une grappe de raisin pour apaiser sa soif. Celui-ci le chassa rudement. Le voyageur vit alors avec horreur que le visage des vendangeurs étaient recouverts d'une muselière ! Il reprit son chemin, prévenant de son prochain passage.

Il revient en effet le soir de Noël ! Toutes les cloches des paroisses voisines, de Pompiey, de Fargues, de Xaintrailles, appellent les fidèles à la veillée rituelle. Valets et servantes de Tirelauze, emmitouflés dans leurs pauvres haillons s'apprêtent à la fête quand apparaît, dans la nuit, une ombre troublante. C'est le voyageur qui, à l'automne, a annoncé son retour. "Donnez-moi s'il vous plaît un verre de vin, dit-il à Ronald et Babet, ma route a été longue et j'ai très soif". Ronald s'écrit "Passe ton chemin..." Babet lève son bâton et les chiens aboient férocement. Le pèlerin alors recule, reprend sa route, lève les bras vers le ciel brillant d'étoiles. Du sol qui s'effondre dans un grand bruit jaillit une eau bouillonnante, engloutissant Tirelauze, ses prés et ses champs, ses vignes et ses bêtes.

A la place de la terre maudite s'étend depuis lors un lac paisible et mystérieux : la Laguë. On dit qu'en son milieu "un gouffre bout et mêle les larmes de Ronald et Babet repentants". On dit aussi que la nuit de Noël, le chant d'un coq se fait entendre du fond du lac quand les cloches carillonnent alentour."

 

 

Louve ton pierre Vianne LA LOUVE DE VIANNE

Sur le mur extérieur de l’abside de l'église de Vianne, on observe l’étrange gravure d’une louve.

On pourrait penser qu’il s’agit d’un graffiti récent, mais son existence et son message sont portés par la tradition orale depuis des siècles. On dit même qu’il y en aurait une seconde, que l’on cherche encore, et que, à elles deux, elles indiqueraient le cheminement d’un souterrain reliant Vianne au château de Montgaillard. Celui-ci hébergeait effectivement une garnison, dont les soldats auraient ainsi pu venir prêter main forte aux Viannais, au cours des nombreuses attaques qu’ils ont subies…

La position en hauteur de ce dessin, le fait de tirer la langue, la disposition des pattes correspondant à des éléments codifiés en héraldique.

 

 

 SOURCES :

  • L’Archéologie au Pays des Sotiates, Charles Bastard, 1912.
  • Les Sotiates, étude monographique par Alfred Bartharès, 1881.
  • Le Vicomte de Métivier Par Jules Monéja
  • Ecole pratique d’Agriculture à Pau.
  • Le mystérieux Cromlech, Annie Gardère, La Dépêche, sans date.
  • Les pierres maudites, article de presse, sans date.
  • Meylan, Las Naou Peyros, Echo de la Gélise, Fev 1998
  • Meylan, Les pierres du Diable, Confluent 47, mai 1996
  • La Légende du Lac sans Fond, A.Merle
  • Histoire du Mézinais, Charles Bastard.
  • Histoire du Mézinais, Abbé Barrère
  • Dictionnaire géographique, historique, et archéologique de l’arrondissement de Nérac, Toulouse, 1982.