Moulin des Tours V2

Ce tableau conservé au Château de Pau est une huile sur toile de 1817 peinte par Alexandre-Louis Millin du Perreux. Elle représente deux emblèmes de l'Albret : le Moulin des Tours de Barbaste et Henri IV !

Henri, le bienveillant

Henri de Navarre, futur Henri IV, reconnaissable à son panache blanc, à ses caractéristiques faciales (longueur et courbure du nez, sa célèbre moustache), son costume (culotte bouffante et sa fraise de cou en dentelle blanche) se trouve sur la rive gauche de la rivière Gélise, à Barbaste. Il tend sa main gauche à un homme venu à sa rencontre.
La présence de la petite barque, rive gauche, semble indiquer qu'Henri a traversé la rivière par ce moyen. C'est, bien sûr, oublier la présence du pont roman de Barbaste dont on aperçoit la première arche sur le bord gauche du tableau. C'est sûrement à l'aide du pont qu'Henri se retrouve sur la rive gauche de la Gélise.

Henri ne semble pas partir à la chasse à courre, sa passion favorite, comme il pouvait souvent le faire en traversant la Gélise depuis Nérac pour aller dans les landes autour de Durance. Il est à pied, aucun cheval n'attend le roi de Navarre, seulement un âne qui peut éventuellement le transporter et les trois lévriers sont bien insuffisants pour traquer le gibier ! Il semble plutôt s'agir d'une visite de courtoisie à ses sujets : un roi bienveillant et soucieux du quotidien de ses habitants.

Le contexte historique de la Restauration

En 1817, Millin du Perreux proche des cercles du pouvoir souhaite montrer un souverain proche de son peuple. Louis XVIII alors au pouvoir depuis la chute de Napoléon en 1815 est justement un descendant direct d'Henri IV. Le frère de Louis XVI ramène les Bourbons sur le trône de France et justifie son retour en rappelant le souvenir positif d'Henri IV : le premier roi Bourbon a toujours une popularité inégalée, ce qui est très utile à remémorer pour ce nouveau roi. L'iconographie henricienne à cette époque sera abondante !

Le Meunier des Tours de Barbaste

Dos à Henri, le Moulin des Tours construit par son ancêtre Amanieu VII d'Albret au début du XIVe siècle montre le lien indéfectible entre le futur roi de France et cette forteresse. Surnommé en Gascogne, "Lou Moulié de las tous dé Barbasto" (le meunier des Tours de Barbaste), Henri apprécie cet emblème de l'Albret, porte d'entrée sur Nérac.
Pour l'anecdote, les toitures qui surmontent les quatre tours du Moulin sont anachroniques. Millin du Perreux est bien sûr leurré par leurs présences à son époque au début du XIXe siècle, ce qui n'était pas le cas sous Henri IV.

Un mot sur l'artiste

Formé au paysage historique, Millin du Perreux est l'un des premiers paysagistes à aborder le passé national. Ses oeuvres contribuent à développer le goût pour l'histoire de France et le paysage sentimental qui se manifeste dès le début du siècle. Fort apprécié de l'Impératrice Joséphine, protégé des Bourbons, il est nommé membre de la commission des Arts et obtient la Légion d'Honneur.