Marguerite d'Angoulême, soeur de roi France et reine de Navarre (1492-1549)

Marguerite dAngoulême by Jean Clouet

Jean Clouet, Portrait de Marguerite d’Angoulême, vers 1530 – © Walker Art Gallery, Liverpool

Marguerite d’Angoulême considérée comme l’une des grandes figures de la Renaissance française a marqué son temps par sa spiritualité, son humanisme et son oeuvre littéraire.


Profitant de son statut de soeur d’un héritier au trône, le futur François Ier, elle reçoit une excellente éducation qui fait d’elle une femme très cultivée : les langues, la philosophie, la poésie, la littérature et la religion lui sont enseignées par les meilleurs précepteurs du Royaume.

Marguerite d'Angoulême a ainsi de très nombreux prétendants et épouse en ce sens le duc d’Alençon en 1509. Le dépaysement est total, elle quitte les Châteaux de la Loire qu’elle côtoyait depuis son enfance pour rejoindre son époux au château fort d’Alençon.

 

Un engagement politique et religieux

En 1515, sa vie va être bouleversée grâce à l’accession de son frère François au trône de France. Marguerite d’Angoulême retrouve le devant de la scène en participant aux fêtes et cérémonies, notamment celle du Camp du drap d’or entre François Ier et Henri VIII d’Angleterre en 1520.

Elle va alors jouer un rôle politique de première importance, notamment en se portant au secours de son frère le roi, emprisonné suite à la défaite de Pavie en 1525. Elle obtient de Charles Quint sa libération mais sous des conditions drastiques.
François Ier sera reconnaissant et se montrera assez clément à la fois envers sa soeur, attirée vers les idées nouvelles du protestantisme depuis sa rencontre avec Jacques Lefèvre d’Etaples, un théologien et humaniste qui l’influence et l’attire vers les idées de la Réforme, mais aussi envers les esprits réformés qu’elle protège. L’Affaire des Placards en 1534, une vaste campagne de propagande anticatholique, inclinera le roi à opter pour une politique active de répression envers les réformés.

Fontaine Marguerites

Fontaine des Marguerites, 1903, Parc de la Garenne à Nérac  – 
© OTVA

 


  

À Nérac, marchez sur les traces de Marguerite d'Angoulême !

 Plan de ville2012Plan-NERAC 2  
1. Château-Musée Henri IV
17. Le Parc de la Garenne :
La fontaine des Marguerites
18. Le Pavillon des Bains du Roy
 
 

 

Nérac, capitale spirituelle

La « Marguerite des Marguerites » vécu à Nérac dès ses secondes noces avec Henri d’Albret en 1527 mais surtout lors des dernières années de sa vie après 1542. Elle accueille à Nérac une cour brillante et spirituelle comprenant des lettrés réformés, hérétiques qu’elle protège de la Sorbonne et du Parlement, les autorités qui réglementent les questions religieuses :

  • Jacques Lefèvre d’Etaples y vieillit à partir de 1530 après sa traduction de la Bible en français considérée comme hérétique ;

  • Clément Marot, poète officiel de la cour de François Ier y est en fuite en 1535 après l’Affaire des Placards pour être considéré à tort comme l’un des principaux suspects ;

Marot

Giovanni Battista Moroni, Portrait de Clément Marot, XVIème siècle – 
© Bibliothèque de la Société d’histoire du Protestantisme français à Paris 
  • Jean Calvin, le célèbre réformateur suisse y trouve refuge en 1534 après un discours polémique à la Sorbonne ;

  • L’évêque Gérard Roussel y célèbre des messes jugées hérétiques.

Tout en restant fidèle au catholicisme, Marguerite en accueillant des réformées et hérétiques contestataires fait de Nérac un haut lieu du protestantisme.

 

Nérac, capitale littéraire

Dans l’ensemble Marguerite a une vie paisible et joyeuse dans ses terres où elle s’adonne à son activité favorite : la lecture et l’écriture. Elle a fait venir à Nérac une partie de sa bibliothèque dont Boccace et son Décaméron qui vont l’inspirer pour écrire dès 1542 le chef-d’oeuvre de sa vie, L’Heptaméron.

Heptaméron

 Illustration de la quinzième nouvelle de L’Heptaméron : une jeune femme jure fidélité à son époux – © www.heptameron.info

Dans ce recueil de 72 contes et nouvelles entamé à Nérac, Marguerite d’Angoulême met en scène dix gens biens nés qui racontent chacun dix nouvelles et les jugent ensuite au nom de leur morale. L’histoire de ce récit commence par un orage, suivit de pluies torrentielles, les terres sont inondées, des ponts emportés. Nos dix personnages vont alors trouver refuge dans une abbaye, où ils vont recevoir gîte et couvert, mais resteront bloqués par les eaux.

Pour meubler l’ennui d’un séjour forcé ils vont discuter de l’amour. Ils exercent notamment leurs cibles sur des personnes superstitieuses et luxurieuses auxquels Marguerite a une véritable aversion… 

Marguerite d’Angoulême finit sa vie dans ses terres d’adoption du sud-ouest où elle décède en 1549 au château d’Odos en Bigorre, laissant son Heptaméron inachevé.