Georges-Eugène Haussmann,
un jeune sous-préfet à Nérac (1809-1891)

haussmann portrait

Henri Lehmann, Portrait du Baron Haussmann, vers 1860, huile sur toile – © Musée Carnavalet à Paris

Resté célèbre pour avoir oeuvré à la métamorphose de Paris, Georges-Eugène Haussmann connu pourtant auparavant une brillante carrière dans l'administration préfectorale. Il y découvrit la France rurale et façonna son apprentissage politique.


Né à Paris, Eugène Haussmann descend d’une famille protestante qui a embrassé la cause bonapartiste.
Il reçoit une solide formation et entre à 11 ans au collège Henri IV, l'actuel lycée Condorcet, où il est reçut brillamment au baccalauréat. Il s'inscrit alors à une école de droit et suit en parallèle des cours à la Sorbonne et au Collège de France, enseignés par des philosophes et scientifiques renommés.
A 21 ans, il participe aux événements de la Révolution de Juillet 1830 et se voit récompensé par Louis-Philippe, roi des Français, qui est le père de son camarade de lycée, le futur duc d'Orléans.

 

L'apprentissage en province : la Vienne et la Haute-Loire

Ses très bonnes relations avec le pouvoir lui permettent de trouver un poste dans l'administration royale : en 1831, il est nommé secrétaire général du préfet de la Vienne où il gère les affaires administratives.
En 1832, il devient sous-préfet de la Haute-Loire à Yssingeaux. Pour désenclaver son arrondissement et lutter contre l'analphabétisation il préconise le développement des échanges avec la création de voies de communication et le développement de l'instruction publique. Ayant hâte de faire ses preuves, il sollicite une mutation : il devient sous-préfet du Lot-et-Garonne à Nérac en 1832.

 

Sept années de loyaux services à Nérac

À son arrivée à Nérac, Georges-Eugène Haussmann est reçu avec méfiance la fois par les protestants libéraux pour une question politique et les catholiques pour des raisons religieuses. Mais par son action et ses mesures dans l'arrondissement de Nérac, Haussmann va rapidement se faire adopter.  

Sa proximité avec la communauté protestante lui permet de rencontrer le pasteur Henri de Laharpe, qui va lui présenter sa soeur, Octavie, future Madame Haussmann. Par ce mariage, Haussmann s'allie à une famille de riches négociants bordelais lui permettant d'accéder à la bonne société.

 

centre haussmann

La sous-préfecture se trouvait au temps du baron Haussmann dans ce bâtiment, aujourd'hui réhabilité comme centre administratif – Centre Haussmann, place Aristide Briand à Nérac - © OTVA

 


 

À Nérac, marchez sur les traces du Baron Haussmann ! 

  
 Plan de ville2012Plan-NERAC 2
7. Le centre Haussmann
12. Le Pont vieux
Le Pont-Neuf
 
 
 

Haussmann commence par un tour du pays pour se rendre compte des tâches à effectuer. Il semble alors déçu par les infrastructures de son arrondissement qui ne possède pas de voies de communications modernes.

Aidé par la loi sur les chemins vicinaux de 1836 qui impose aux communes à lever des impôts pour les consacrer à l'entretien des chemins, Haussmann rapproche les villages de l'Albret les uns aux autres. Dans ce sens, il fait construire les axes routiers de Agen à Nérac ; Nérac à Lavardac et Lavardac à Casteljaloux qui nous rappellent les longues et larges avenues construites par Haussmann à Paris.

pont neuf

 Au premier plan, le Pont Neuf inauguré en 1837 par le sous-préfet Haussmann. A l'arrière plan, le Pont Vieux restauré sous son mandat – © OTVA

Il procède dans ce sens à la construction d'un pont à Nérac, le Pont-Neuf qui permet d'enjamber la Baïse pour relier Nérac à Agen.

Haussmann a également comme objectif prioritaire l'instruction des petits néracais. Aidé, cette fois-ci par la loi Guizot de 1833 sur l'enseignement primaire, il dote toutes les communes de l'arrondissement de Nérac d'une école à partir de la rentrée 1836.
Son volontarisme et son investissement lui permettent d'être récompensé de la Légion d'Honneur en 1837, mais aussi de susciter la jalousie et les plaintes du Préfet du Lot-et-Garonne, M. Brun. Cet homme n’apprécie guère les visites du célèbre écrivain George Sand et du duc d'Orléans au sous-préfet de Nérac au lieu du préfet d'Agen. Les effets de cette rancune sont immédiats et la disgrâce est prononcée : Haussmann qui a demandé une nouvelle mutation et promotion se retrouve nommé en 1839 dans une sous-préfecture de l'Ariège, à Saint-Girons jusqu'en 1841.

 

L’architecte du Paris moderne

Il se rapproche ensuite de sa belle-famille en étant nommé sous-préfet à Blaye, en Gironde, jusqu'en 1848.
De simples postes dans l'administration préfectorale, le destin de Georges-Eugène Haussmann, bonapartiste convaincu, bascule avec l'élection de Napoléon Bonaparte comme Président de la République en 1848. Il multiplie alors les fonctions à responsabilités : préfet du Var, de l'Yonne, de la Gironde et de la Seine sous le Second Empire. Napoléon III souhaite alors métamorphoser et moderniser la capitale pour faire de Paris la vitrine de l'Empire. Haussmann en sera l'architecte principal, son oeuvre restera dans la postérité sous le nom d'architecture haussmannienne.