LA BASTIDE DE VIANNE

Bordant la rivière Baïse, Vianne est un magnifique témoignage du passé médiéval de l'Albret, une des rares bastides qui ait su préserver l'ensemble de ses fortifications des assauts du temps et des hommes. Cette ville neuve apparaît à la fin du XIIIe siècle, à une époque où l'Aquitaine était tiraillée entre rois de France et d’Angleterre, depuis 1152. En cette année, la duchesse d’Aquitaine, Aliénor, épousa Henri Plantagenêt, peu après avoir été répudiée par Louis VII, roi de France. Quand son nouvel époux fut couronné roi d’Angleterre en 1154, devenant Henri II Plantagenêt, Aliénor avait déjà déposé l’Aquitaine dans sa corbeille de mariée.

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Fleur de lys4 Vianne

Pénétrant par une des tours-portes (1), on entre dans la cité pour explorer la bastide et ses secrets, remonter le temps… On découvrira ici ce que nombre d’historiens considèrent comme un modèle de l'organisation des villes médiévales. Bien des mystères subsistent encore, ne serait-ce qu’autour de l’église : la tradition orale persiste ici à transmettre d’énigmatiques messages.

Maquette vianne compresséMaquette visible et commentée dans le Point d'Information Touristique de Vianne

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LA FONDATION DE VIANNE

Blason 2014 0 VianneAu début du XIIIe siècle, Vital de Gontaut-Biron était sire de Montgaillard, seigneur de Villelongue et autres lieux. Il eut deux filles : Vianne, l’aînée, épousa Amanieu VI sire d’Albret et seigneur de Nérac, mais son mariage fut annulé pour cause de parenté. Elle se remaria avec le chevalier Hélie de Castillon, mais ils eurent rapidement des querelles de biens. En 1271, après avoir prouvé la fausseté du fait qui avait motivé sa séparation d’avec Amanieu, Vianne obtint l’annulation de son second mariage. Mais son premier mari s’était entretemps remarié.

Dès juillet 1271, Vianne avait donné la seigneurie de Montgaillard et ses dépendances à son neveu Jourdain V, comte de l’Isle Jourdain. Ce n’est pourtant qu’en 1279, après de nombreux épisodes judiciaires, que celui-ci put en prendre possession : le second mari de Vianne s’était empressé de vendre les propriétés de sa femme, lorsqu’il sut que celle-ci allait le quitter.

En 1279, l’Agenais (dont Villelongue) fut rétrocédé aux Anglais, suite au traité d’Amiens : Vianne naîtra donc sous tutelle anglaise.

Un acte de paréage (convention de droits et de devoirs réciproques) fut signé le 22 novembre 1284 entre Jehan de Grailly, sénéchal du roi d’Angleterre et Jourdain V, pour qu’une bastide soit construite sous la juridiction de Montgaillard. Elle aurait dû porter le nom de Villelongue puisqu’elle était construite sur le site de ce nom. Mais par un sentiment de reconnaissance bien naturel envers sa tante, Jourdain voulut qu’elle porte le nom de Vianne.

Vianne de Gontaut s’occupait de fondations pieuses depuis de nombreuses années, réalisant d’abord un couvent de Dominicains à Condom, puis un autre à Prouillan. C’est à Condom qu’elle mourut en février 1281, dans le premier de ces couvents.

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LES BASTIDES

Murs Hourds Viollet le Duc

Au XIIIe siècle le sud-ouest de la France voit apparaître de nombreuses villes neuves, souvent fortifiées : les bastides.

Il s’agissait essentiellement de cités tracées d’un seul jet (a novo), où se regroupaient des personnes dont les intérêts, certes variés, n’en étaient pas moins convergents. Populations en errance (Cathares), brusque croissance démographique dans une longue période de paix, individus désireux d’échapper à la servitude, seigneurs et rois cherchant à coloniser aux limites de leurs possessions… Les intéressés ne manquaient pas.

Dotées d’un pouvoir politique local et démocratique, elles avaient une vocation économique et agricole : maison des consuls, marchés et foires devaient être rassemblés en un même lieu. La rationalité géométrique du monde gothique et son urbanisme (plan orthogonal, place centrale, attribution des parcelles, etc.), vont permettre leur développement.

La place (2) est l’âme du village, quatre rues s’y coupent à angles droits, suivant un plan orthogonal (en damier) caractéristique des bastides ; elle réserve aussi un lieu à partir duquel un seul guetteur suffisait pour surveiller les quatre tours-portes. Afin de gérer les entrées, ces dernières étaient équipées d’un appareil de défense sophistiqué : herses, assommoirs, archères, gonds de portes inversés, bretèches, barbacanes, douves et pont levis… Les remparts de 1250 mètres de périmètre, étaient pourvus d’un chemin de ronde et de murs crénelés ; ceux-ci étaient par ailleurs percés à intervalles réguliers de trous de boulin, pour assembler les hourds en cas d’attaque. L’ensemble était complété de deux tours rondes et d’une autre carrée, placées dans les angles, toutes choses que l’on peut voir encore.

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L’ÉGLISE ET LE CIMETIÈRE

vianneL’actuelle église Saint Christophe (3) fut d’abord consacrée sous le nom de Sainte-Marie de Villelongue, puis rebaptisée Notre-Dame. Elle serait l’oeuvre de Templiers, comme en attestent certains signes : il y avait en effet de nombreuses commanderies dans cette région. Édifiée 150 ans environ avant la bastide, elle faisait partie d’un village d’origine gallo-romaine nommé Villelongue (Vila longa), bien antérieur à la construction de Vianne. Au style roman des plus épurés, de la construction originelle, on ajouta une travée et un porche gothiques au XIVe siècle lorsque, créant la bastide, on pensa que le nombre de fidèles allait rapidement augmenter.

On remarquera les tombes du haut moyen-âge (≈VIIIe siècle), tout autour de la Porte Romane. Ces tombes pourrissoirs (on dit aussi « à logettes ») comprenaient deux étages : déposant le corps au niveau supérieur, on l’abandonnait le temps nécessaire pour qu’il se décompose, puis l’on rouvrait la tombe, brisant les os afin qu’ils basculent au niveau inférieur. L’endroit était ainsi à nouveau disponible.

OLouve ton pierre Viannen note par ailleurs de nombreuses marques de tâcherons (ouvriers payés à la tâche) tout autour de cette porte, aujourd'hui murée. Il s’agit de signatures géométriques gravées sur leur travail par les constructeurs, afin qu’ils puissent réclamer le paiement de leur dû.

Sur le mur extérieur de l’abside, on observe l’étrange gravure d’une louve. On pourrait penser qu’il s’agit d’un graffiti récent, mais son existence et son message sont portés par la tradition orale depuis des siècles. On dit même qu’il y en aurait une seconde, que l’on cherche encore, et que, à elles deux, elles indiqueraient le cheminement d’un souterrain reliant Vianne au château de Montgaillard. Celui-ci hébergeait effectivement une garnison, dont les soldats auraient ainsi pu venir prêter main forte aux Viannais, au cours des nombreuses attaques qu’ils ont subies…

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LA RIVIÈRE BAÏSE

Moulin et port ViannePour traverser la rivière, il y eut d’abord un passage à gué sur la payssière (4) (barrage), ensuite remplacé par un pont roman (5). En 1747, le pont s’étant écroulé, on mit en place un bac utilisant la traction animale. Ce n’est que bien plus tard, en 1844, que l’on créa l’actuel pont suspendu (6). On peut encore y voir les octrois où l’on s’acquittait du droit de passage, le tarif était alors si détaillé que l’on marquait la différence dans le prix à payer par un homme, suivant qu’il conduisait un veau ou une vache.

La première écluse (7) fut installée par ordre de Sully, autour de 1600 : c’est à la main que l’on posait les poutres qui fermaient les pertuis (accès). Fin XIXe, on reprit l’ensemble pour le mécaniser et en augmenter le gabarit.

La Baïse, longtemps navigable, permit d'exporter, grâce aux gabarres (bateaux à fond plat), les diverses productions de la région : farine, pierres, vins, armagnacs… Le moulin (8) que l’on aperçoit a d'ailleurs contribué à l’enrichissement du Pays d’Albret pendant des siècles, on expédiait sa production de farine jusqu’à St Domingue. Il fut finalement transformé en centrale électrique, fin XIXe. Au cours du XXe siècle, la navigation commerciale disparut progressivement. Aujourd’hui, après plus de 50 ans de repos, cette rivière trouve un nouvel essor grâce au tourisme fluvial qui permet à de nombreux visiteurs de découvrir le Pays d’Albret sous un angle différent.

S’éloignant de quelques pas du coin sud des remparts on découvre près de la rivière l’ancien lavoir (9) et sa source, restaurés au XVIIIe.

Fleur de lys4 Vianne

LA RÉPUTATION DE VIANNE

Vianne c'est aussi des savoir-faire transmis, et exportés. Sa pierre calcaire, très réputée, a servi pendant des siècles à réaliser de nombreux ouvrages et même une partie des quais de Bordeaux. A partir de 1928, c'est le travail du verre « soufflé bouche » qui a propulsé l'image de Vianne aux quatre coins du monde.

Au cours du XXe siècle, Vianne s'est développée autour de ses industries, de son port, et des nombreux artisans d'art installés dans ses murs. Il faut souligner que, voici une quarantaine d’années, la verrerie comptait jusqu’à 900 employés, quand la commune n’a jamais eu plus de 1300 habitants.

Village festif, Vianne propose au fil des saisons de nombreuses animations : concours de peinture, expositions, concerts, théâtre, brocante, marches diverses, championnat de Garbure, repas des nations, etc. Tout est prétexte à festoyer et faire un banquet. Les marchés nocturnes du vendredi, quant à eux, rythment la période estivale de juin à début septembre.

SITES À VISITER

Bastide du XIIIe avec tours et tours-portes, bretèches, remparts – Église Saint-Christophe (XIIe-XIVe) base romane augmentée d’un porche et d’une travée gothiques – Tombes Carolingiennes – Pont suspendu et octrois – Pont canal – Lavoirs – Écluse – Payssière – Moulin et Port de plaisance (11) sur la rivière Baïse – Verrerie d'art Dino Glass.

PLAN DE VIANNE

Plan Vianne site OTVA Vianne

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